Retour au blogue

Le Centre de Maple Leaf pour la sécurité alimentaire tient son cinquième symposium annuel sur la sécurité alimentaire

présentation sur scène au Symposium sur la sécurité alimentaire

Observations et leçons apprises dans le cadre de nos efforts pour réduire l’insécurité alimentaire au Canada.

Par Sarah Stern, directrice générale, Centre de Maple Leaf pour la sécurité alimentaire

Le 16 octobre, le Centre de Maple Leaf pour la sécurité alimentaire a tenu son cinquième symposium annuel sur la sécurité alimentaire, qui a réuni environ 160 personnes issues du secteur privé, de la société civile et des autorités gouvernementales. Au cours de cette journée, des spécialistes des programmes, des décideurs politiques, des leaders de la communauté et des chercheurs se sont penchés sur les mesures à prendre afin de réduire l’insécurité alimentaire au Canada.

Nous organisons notre symposium annuel dans le but de bâtir des liens et de discuter de ce que nous avons appris pour nous attaquer à cet enjeu social déterminant.

Saviez-vous qu’au Canada, près de 9 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire en 2023? Aujourd’hui, un enfant sur quatre au pays est confronté à ce problème. La semaine dernière, la marque Maple Leaf, en collaboration avec le Centre, a lancé une campagne de sensibilisation à cette réalité douloureuse, qui vise à créer un avenir où chaque enfant pourra manger comme un enfant. La date du lancement était bien choisie, car elle coïncidait non seulement avec la journée du symposium, mais aussi avec la Journée mondiale de l’alimentation.

Dans mon mot d’ouverture, j’ai mentionné que la sécurité alimentaire au Canada est un problème profondément enraciné qui exige l’attention et l’action de tous. Je me suis aussi posé la question suivante : comment se fait-il que, dans une nation aussi riche que la nôtre, des millions de personnes soient confrontées à des choix impossibles entre nourrir leur famille et payer pour des besoins essentiels tels que le loyer, les médicaments ou les services publics? Et pourquoi ne parle-t-on pas davantage de ce problème? Ensemble, nous pouvons éveiller les consciences et agir pour réduire l’insécurité alimentaire au Canada et ailleurs dans le monde.

Voici les sujets que nous avons abordés à l’occasion du symposium.

Nouvelles des intervenants de première ligne et des banques alimentaires au Canada

La journée a débuté par des comptes rendus de la part des personnes qui agissent en première ligne contre les problèmes liés à l’insécurité alimentaire. Merci à Neil Hetherington, chef de la direction de la banque alimentaire Daily Bread, Rabia Khedr, directrice nationale du mouvement Le handicap sans pauvreté, et Debbie Field, coordonnatrice à la Coalition pour une saine alimentation scolaire d’avoir aidé à informer l’auditoire sur les défis et les possibilités dont ils sont témoins quotidiennement.

Neil a présenté quelques données frappantes : la banque alimentaire Daily Bread a vu son nombre d’usagers passer de 60 000 à 330 000 entre 2020 et 2024; un Torontois sur dix a recours aux banques alimentaires chaque mois; 12 000 à 14 000 nouveaux usagers n’avaient jamais fréquenté une banque alimentaire avant leur première visite; et 59 % des usagers ont une éducation postsecondaire, illustrant ainsi que l’éducation ne garantit pas nécessairement un emploi.  

Rabia a souligné que les personnes handicapées vivent en dessous du seuil de pauvreté à hauteur de 30 % et que si le gouvernement les aidait à atteindre au moins le seuil de pauvreté, elles auraient les moyens de se nourrir.  

Debbie a annoncé une bonne nouvelle concernant le Programme national d’alimentation scolaire du Canada : le gouvernement consacrera 1 milliard de dollars sur cinq ans à ce programme. « Les familles à faible revenu conviennent que les repas fournis à l’école améliorent leur situation », a déclaré Debbie.

Michael McCain, président honoraire du Centre, a ensuite évoqué les graves répercussions de l’insécurité alimentaire sur la santé, l’espérance de vie, l’estime de soi, la réussite scolaire et l’emploi des Canadiens. « En négligeant les personnes au moment où elles sont le plus vulnérables, nous affaiblissons l’intégrité et la force de notre société. Nous devons compter sur des solutions plus larges et plus efficaces. L’insécurité alimentaire ne se réglera pas seulement par des dons de nourriture, même si ces dons peuvent grandement aider. Nous devons nous battre pour une société plus équitable et plus saine, et pour un filet de sécurité pour chacun », a affirmé Michael.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas faire ces investissements, car ils créent des retombées économiques et sociales »
— L’honorable Andrew Furey, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador
  • Michael McCain et l'honorable Dr Andrew Furey, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador
  • Neil Hetherington, directeur général de la banque alimentaire Daily Bread
  • Séance d'action provinciale sur l'insécurité alimentaire et la pauvreté
  • Séance « Au sud de la frontière : prescription alimentaire à grande échelle »
  • Séance « Bâtir un mouvement : la prescription alimentaire au Canada »
  • Enregistrement du podcast en direct de The Herle Burly : Policy Panel
  • Affiche du Symposium sur la sécurité alimentaire créée par l'artiste Shannon Loomer
  • Affiche sur la prescription alimentaire créée par l'artiste Shannon Loomer
  • Affiche récapitulant ce qui a été discuté lors de l'enregistrement du podcast en direct de The Herle Burly, créé par l'artiste Shannon Loomer

Initiatives provinciales pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté

Cette année, le symposium a mis en lumière les initiatives en cours au Manitoba, en Ontario et à Terre-Neuve-et-Labrador. J’étais particulièrement ravie d’inviter l’honorable Andrew Furey, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, à s’entretenir avec David Herle, animateur des balados Herle Burly et Curse of Politics.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas faire ces investissements, car ils créent des retombées économiques et sociales », a-t-il déclaré à propos des investissements réalisés pour s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé et améliorer le bien-être dans sa province. Il a également fait part de son désir de travailler en collaboration et de rejoindre le Centre et d’autres organisations nationales de sécurité alimentaire afin de fixer un objectif de réduction de l’insécurité alimentaire de 50 % d’ici 2030.

Nous avons ensuite entendu des représentants gouvernementaux de diverses provinces, notamment Aisling Gogan, sous-ministre adjointe au ministère des Enfants, des Aînés et du Développement social de Terre-Neuve-et-Labrador, Cordelia Clarke Julien, sous-ministre adjointe, Division des programmes d’aide sociale au ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires de l’Ontario, et Julie Ketner, directrice générale, Législation et politiques stratégiques au ministère de la famille du Manitoba.

Lors de cette table ronde animée par Kathleen Sullivan, vice-présidente, Relations avec le gouvernement et l’industrie aux Aliments Maple Leaf, les participantes ont discuté des mesures prises par leur province respective pour lutter contre l’insécurité alimentaire en tant que question politique et sociale. 

Julia a parlé du programme de nutrition universellement accessible mis en place par le gouvernement du Manitoba, qui offre des repas et des collations aux enfants de la maternelle au secondaire. Dans le cadre de ce programme gratuit et exempt de préjugé, 6 millions de dollars sont consacrés aux écoles situées dans les secteurs les plus défavorisés. « Nous avons aussi mis en place un programme de déjeuners pour les jours sans école pour fournir des repas aux enfants pendant la fin de semaine », a déclaré Julie.

Cordelia a expliqué que le gouvernement de l’Ontario a augmenté de 17 % les taux du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées en lien avec l’inflation, qui augmente chaque année. Elle ajoute : « Cela aide les personnes à devenir financièrement indépendantes, car elles peuvent gagner jusqu’à 1 000 $ par elles-mêmes sans devoir remettre une partie de cet argent ».  

Du côté de Terre-Neuve-et-Labrador, Aisling note que le gouvernement veut « simplifier la tâche des personnes qui doivent présenter une demande de soutien du revenu ». Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador s’est engagé à doubler sa part de l’Allocation canadienne pour enfants, à élargir l’accès au supplément du Programme canadien de nutrition prénatale de 0 à 1 an à 0 à 5 ans et, en juin, à doubler les prestations d’invalidité fédérales. Ainsi, si le gouvernement fédéral accorde une prestation de 200 $, un montant additionnel de 400 $ est fourni par le gouvernement provincial.

Programmes de prescription alimentaire au Canada et progrès réalisés aux États-Unis

Les deux séances suivantes, animées par André Picard, journaliste spécialisé en santé au Globe and Mail, ont porté sur la prescription alimentaire.

Nous avons commencé par une discussion sur les progrès de la prescription alimentaire aux États-Unis comme moyen de lutter contre l’épidémie de maladies liées à l’alimentation. André s’est entretenu avec Neal Curran, directeur des programmes alimentaires à Reinvestment Partners, Naomi Gunnell, directrice des initiatives stratégiques à Walmart.org, et Corby Kummer, directeur général, Alimentation et société au Aspen Institute

Ceux-ci ont fourni d’excellentes recommandations concernant la mise en place d’un programme de prescription alimentaire au Canada. « Faites comprendre aux provinces que la prévention est l’une des choses les plus importantes que l’on puisse faire », a affirmé Corby. Naomi a souligné l’importance de miser sur la collaboration : « Déterminez les différents groupes et secteurs sur lesquels vous espérez constater les retombées du programme ». Neal nous a recommandé de voir grand : « Il a fallu plus d’un an et demi entre l’octroi des fonds et le lancement du premier programme en raison de la priorité accordée à celui-ci. C’est pourquoi vous devez faire ce qu’il faut pour réussir du premier coup. » 

Nous avons ensuite discuté de l’approche à privilégier pour constituer le mouvement de prescription alimentaire au Canada. Il s’agit d’un sujet auquel nous avons consacré beaucoup de temps, et c’est pourquoi j’étais ravie de me joindre à Joseph LeBlanc, doyen associé, Équité et inclusion à l’Université EMNO, et à Zakiya Tafari, directrice générale de l’organisme Afri-Can Food Basket, dans le cadre d’une discussion animée par André.

Nous avons discuté de l’importance de l’alimentation et de la nécessité de répondre aux besoins alimentaires des différentes cultures. Comme Joseph l’a expliqué : « Dans ma culture, le mot “remède” veut dire “force de la terre”, donc l’expression “la nourriture est un remède” signifie que la nourriture est la force de la terre. » Zakiya a ajouté : « On néglige les aliments culturels. Les jeunes enfants grandissent sans tradition culinaire. Les mangues sont maintenant hors de prix, si bien que plusieurs communautés les délaissent. » Cela confirme qu’afin de produire les meilleurs résultats possible, les programmes de prescription alimentaire doivent aider les gens à consommer des aliments qui non seulement les nourrissent, mais qui revêtent une grande importance dans les cultures de partout au pays.

La dernière séance de la journée était un enregistrement du balado The Herle Burly, réunissant l’animateur et modérateur David Herle, ainsi que Tyler Meredith, associé chez Meredith, Boessenkool & Phillips, Jennifer Robson, professeure agrégée de gestion politique à l’Université de Carleton, et Ginny Roth, associée à Crestview Strategy.

Ceux-ci ont discuté de l’importance de cibler la pauvreté pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Cliquez ici pour écouter l’épisode complet! (En anglais seulement)

Merci à toutes les personnes qui ont participé à notre symposium sur la sécurité alimentaire cette année. Cet événement a réellement souligné l’urgence de collaborer avec les intervenants de tous les secteurs, y compris les partis politiques et les administrations publiques, pour mettre en œuvre des solutions à grande échelle afin de réduire l’insécurité alimentaire au Canada et ailleurs dans le monde.